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11 septembre 2009

Une vidéo professionnelle

Elle a d'abord été imputée par erreur à un enregistrement à la sauvette à partir d'un téléphone portable en marge de l'université d'été de l'UMP, à Seignosse le 5 septembre dernier.

En réalité, la vidéo présentant la blague raciste de Brice Hortefeux a été filmée par un journaliste reporter d'image professionnel travaillant pour le compte de La Chaine Parlementaire et de Public Sénat.

Or, elle n'a pas été diffusée sur ces antennes.

Les directeurs des deux chaines, Gérard Leclerc (La Chaine parlementaire) et Gilles Leclerc (Public Sénat) s'y sont tous les deux opposés, le week-end dernier, au grand dam de leurs rédactions. 

541745_hortefeux.jpgL'embarras des chaînes

Les raisons pour lesquelles les téléspectateurs ont été privés des rires gras façon RPR d'avant le politiquement correct et de la plaisanterie bêtement raciste du Ministre de l'Intérieur, ne sont pas encore très claires.

Contacté par nos soins, Gilles Leclerc n'était pas joignable en début d'après-midi.

Les deux chaînes ont néanmoins publié un communiqué commun.

Il assure que la décision de ne pas diffuser la séquence litigieuse a été prise « après concertation avec les journalistes présents » et « d'un commun accord en raison notamment des conditions dans lesquelles elle a été enregistrée ».

Autre argument : « l'absence de journaux d'informations sur nos antennes le dimanche 6 septembre ».

Un résumé des faits assez éloigné de la réalité en fait

 

 La première censurea1c4226052e3212588b16bb22ea0bcce.jpg

Les images ont en effet été tournées le samedi 5 vers 20h par un cadreur de la Chaine Parlementaire dans l'optique d'une émission diffusée le lendemain.

Mais au visionnage, lendemain le directeur de la chaine, Gérard Leclerc, s'oppose une première fois à leur diffusion.

Argument invoqué alors: le manque de temps pour faire réagir le ministre à ses propos.

 

public sénati.jpg La seconde censure

Le lundi, en revenant à Paris, une équipe de Public Sénat insiste pour diffuser ce document. Leur patron, Gilles Leclerc s'y oppose de nouveau. Avec les mêmes arguments.

Toujours pas convaincu, la société des journalistes de la chaîne organise alors un visionnage pour l'ensemble de la rédaction mardi dernier en fin de journée

Celle-ci décide de demander solennellement par écrit à leur patron de revenir sur sa décision dans un communiqué interne que nous nous sommes procuré et que l'on peut lire ici ici.

Gilles Leclerc refuse.

Ses raisons: gros, les conditions de tournage, l'éventualité que Brice Hortefeux ait été piégé. Il n'en est rien. Les images montrent qu'il a repèré la caméra et il est d'ailleurs, juste après, interwievé en marchant par un journaliste de la chaine.

C'est dans ces conditions que la vidéo, numérisée dans le serveur de la chaîne et donc facilement accessible et transmettable, se retrouve jeudi après-midi sur le site web du Monde et sur Dailymotion et enflamme rapidement la blogosphère.

 

Public Sénat se prend pour TF1 ?

Le soir même, tous les médias reprennent l'information et les grandes chaînes diffusent les images. Toutes, sauf deux.

TF1 d'abord: la Une a certes fait réagir François Fillon invité au 20-Heures. mais en se gardant bien de diffuser les images.

Public Sénat fait encore plus fort dans le verrouillage: ses journaux du soir reprennent la polémique mais en ne diffusant à l'antenne que la réaction du ministre de l'Intérieur ! Il parle de confusion, explique qu'il parlait des auvergnats, pas des arabes.

Le traitement fait hurler les journalistes des chaînes parlementaires qui se réunissent en assemablée générale ce vendredi après-midi. Et obtiennent finalement la diffusion des images dans leur journal de 18h ce soir, non sans avoir diffusé en interne un nouveau communiqué de protestation, que l'on peut lire ici

Sur le petit écran, la séquence de Seignosse est accablante pour le ministre et démonte sa version des faits.

On y voit Hortefeux commencer à rechigner à se laisser prendre en photo avec le militant Amine Benalia-Brouch

- "Après vingt heures je ne suis plus payé" dit le ministre

Eclat de rire de Jean-François Copé, le patron des députés UMP qui fait remarquer qu'Hortefeux est auvergnat et donc radin.

Une militante possiblement avinée s'exclame : "c'est notre petit arabe",  en parlant d'un militant d'origine maghrebine 

 Et Hortefeux de répondre: "Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand, il y  en a beaucoup qu'il y a des problèmes !"

Comment dit-on déjà ? Ah oui : Pauvre homme...

 

Le patron de Public Sénat s'incline

Joint en fin de journée, le patron de Public Sénat, le journaliste politique Gilles Leclerc fait face.

"Non, sur le fond, je n'a pas changé d'avis sur mon opposition à diffuser les propos du ministre, saisis à la volée comme cela", me dit-il. "Mais, j'ai senti une demande forte des journalistes de la chaîne de les mettre à l'antenne. Donc on l'a fait".

A-t-il reçu depuis hier le feu vert du pouvoir pour mettre la séquence à l'antenne ? "Non, je n'ai eu ni feu vert, ni feu rouge, ni feu orange", jure l'ancien journaliste politique de France Télévision.

Considère-t-il que l'incident est clos ? "Vous savez, les journalistes ont toujours une sensibilité et une reflexion sur les conditions d'exercer leur métier. Tout est toujours possible. A chaque jour suffit sa peine..." 

C'est sans doute ce que se dit également le locataire de la Place Beauvau 

 

 http://dossierssignales.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/09/11/hortefeux-la-censure-des-chaines-parlementaires.html

 

 

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